Croyez-vous aux histoires de fantômes ? Si oui, alors vous aurez envie de lire ce récit pour le frisson de l’horreur ! Et si vous n’y croyez pas ou si vous doutez de leur existence, j’insiste, prenez place ! Servez-vous une boisson réconfortante et laissez-moi vous emmener en Bretagne pour vous raconter une histoire.

Le petit René ne croyait pas aux fantômes. Enfin, pas avant les événements de notre récit. À vrai dire, il a commencé à avoir des doutes après que sa famille s’est installée au château de Combourg. D’ailleurs, le voilà caché sous les draps de son lit, tous ses sens en alerte - Oh, ne vous moquez pas, je vous assure qu’il a toutes les raisons d’avoir peur ! Car depuis qu’il vit ici…

Ça a commencé avec ces histoires que sa mère et sa sœur lui ont racontées, ces choses horribles qui se seraient passées dans ce lieu… Et puis, il y a le comportement bizarre de son père - Oh, il a toujours été froid et distant, ce n’est pas vraiment le genre de père qui prend ses enfants dans ses bras. Mais depuis quelque temps, il semble encore plus renfermé : il peut passer des heures assis sur une chaise à regarder dans le vide et le soir, quand les couloirs du château deviennent si sombres qu’on n’y voit plus, il déambule sans lumière, le pas lent et lourd. Mais surtout, il y a le chat ! Il vient la nuit miauler et gratter à la porte de la chambre de René, l’empêchant de dormir…

Il n’a qu’à lui ouvrir, me direz-vous ! Le pauvre animal a peut-être froid, peut-être même désire-t-il quelques grattouilles ? Vraiment, ce garçon n’a pas de cœur pour rester insensible aux appels de son propre chat ! Le problème, c’est que ce chat n’est ni à René, ni à sa famille. Et pour tout vous dire, on n’en a plus vu dans ce château depuis des siècles ! Le garçon en a tout de suite parlé à sa mère, mais au lieu de le rassurer, elle lui a dit une chose, une seule : “N’ouvre jamais ta porte à la nuit tombée !”

Et le voilà donc sous ses draps, la porte bien fermée, à craindre la venue du félin. Voilà plusieurs nuits qu’il ne l’a plus entendu mais cette fois, quelque chose se prépare… Le tonnerre gronde, le vent s’engouffre dans les couloirs, les portes claquent ! On dirait que même le château tremble de peur… Un froid mordant envahit la chambre, puis, le silence…
Plus un seul bruit. Comme si les murs retenaient leur souffle. Un frisson parcourt le petit René, qui regarde alors vers la porte.

Une ombre passe.

Un miaulement ! Le chat gratte une fois, une seule et repart aussi vite qu’il est venu… Entendez-vous ce bruit ? C’est le bruit d’un pas lent… Lent et lourd, on dirait le père de René ! L’enfant saute en dehors de son lit et, oubliant les paroles de sa mère, ouvre discrètement la porte. Il voit alors un chat noir au bout du couloir, accompagné de quelque chose… La foudre tombe non loin du château, sa lumière éclaire les lieux et René voit alors une jambe de bois !
Pas une de ces jambes qui sont attachées à un corps avec une tête et tout le reste, non… Juste une jambe ! Une jambe de bois qui avance toute seule !!! Une odeur immonde se répand dans le couloir, René ne peut s’empêcher de tousser - malheur ! Le chat se retourne et la jambe se met à bondir vers lui : « CLAC ! CLAC ! » Le sol tremble, le tonnerre gronde, un éclair ! Le pauvre René est paralysé par la peur, il a cru voir un bref instant un squelette attaché à la jambe de bois… Un deuxième éclair, voilà que les os sont recouverts de chair, la jambe se rapproche !!! Un troisième éclair, notre petit René a tout juste le temps de voir deux yeux vitreux avant de reprendre ses esprits et de claquer la porte !!! Il se précipite sous les draps tandis que la tempête fait rage et que le château hurle de terreur ! On frappe à la porte de la chambre si fort qu’elle manque de tomber au sol, mais elle tient bon ! La jambe de bois claque, le chat crie - notre pauvre René aussi ! Un autre coup, puis deux, puis trois !!! Un vacarme sans fin à réveiller les morts !

Puis, plus rien… Le garçon ouvre les yeux pour voir les premiers rayons du soleil réchauffer le château. Le chat et la jambe de bois ont disparu.

Le petit René apprendra plus tard qu’un ancien comte ayant perdu sa jambe à la guerre mourut de ses blessures ici-même, au château de Combourg, des années avant sa naissance. Marqué par son enfance dans cet endroit lugubre, il racontera ses aventures fantastiques dans le récit de sa vie : Les Mémoires d’Outre-tombe.

Quant au chat noir, on découvrit bien des années plus tard une momie cachée dans un des murs du château - vous l’aurez deviné : la momie d’un chat. Mais cette momie a été découverte longtemps après la mort de René, comment pouvait-il donc savoir qu’il y avait un chat au château de Combourg ? L’a-t-il simplement rêvé, traumatisé par les histoires de sa mère et de sa sœur ? Ou alors…

Dites-moi : croyez-vous aux histoires de fantômes ?


C’était la légende du Fantôme de Combourg, un récit inspiré des légendes du château de Combourg et des Mémoires d’Outre-tombe de François-René de Chateaubriand.

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